Exposition proposée dans le cadre du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.
© Sandra Calligaro
"Je suis arrivée presque par hasard en Afghanistan à 25 ans. Je voulais renouer avec un rêve d’adolescente : être correspondante de guerre. Un ami journaliste m’avait juste dit "vas-y, l’Afghanistan c’est bien pour commencer". Partie pour un mois, je parcours le pays les quinze années qui suivent.
Mon expérience afghane m’a façonnée et fait aujourd’hui pleinement partie de mon identité de photographe. J’ai été profondément touchée par les gens rencontrés et je porte un regard empli de tendresse sur le pays. De cette grande aventure, je ne rapporte au final presque aucune photographie de combats. Au contraire, loin du sensationnel de la guerre, c’est la fragilité du quotidien qui n’a cessé de me fasciner. C’est d’ailleurs une phrase de Nan Goldin qui guide ma manière de voir : "Pour moi, la photographie est le contraire du détachement. C’est une manière de toucher quelqu’un – c’est une caresse."
En marge de mes reportages pour la presse, j’alimente ce travail au long cours en constante évolution. À travers le spectre de situations ordinaires, de moments d’entre-deux où la tension est tangible et les émotions perceptibles – mais le conflit rarement visible, je cherche à mettre en exergue le malaise ambiant et la détresse latente qui règnent dans le pays. Au fil des années, le corpus d’images dresse le portrait d’un Afghanistan – le mien, pudique.
J’ai toujours connu le pays instable, enlisé dans un conflit complexe. Divisé aussi. L’exposition cherche à souligner ces deux Afghanistan qui s’entrechoquent : lorsque les talibans reprennent le pouvoir à l’été 2021, le monde des urbains cosmopolites laisse brutalement place à celui des combattants, dont la clandestinité prend fin après vingt années de djihad."
Sandra CALLIGARO
Rencontre avec Sandra Calligaro samedi 12 octobre à 15 h 30 au sein de son exposition