Afghanistan, des promesses gravées dans la glace, laissées au soleil

"L’année dernière, j’ai passé plusieurs mois à chroniquer les évolutions rapides observées en Afghanistan, à l’approche des 20 ans de l’invasion américaine. Cette exposition se concentre sur les femmes afghanes, les mêmes femmes qui étaient au centre des efforts de guerre peu de temps après l’invasion de l’Afghanistan par les Américains. Aujourd’hui, un grand nombre de ces femmes se sentent abandonnées, délaissées. Bien que j’ai dû couvrir des événements dramatiques et les évolutions militaires au front au cours des 8 dernières années, en vivant en Afghanistan, j’ai cherché à rester auprès des civils dès que je le pouvais afin de proposer un témoignage différent et alternatif de la plus longue guerre américaine.
L’Afghanistan est un pays d’extrêmes, où l’on trouve, dans le même temps, le meilleur et le pire de l’humanité. La peur et le courage, le désespoir et l’espoir, la vie et la mort y cohabitent. J’ai recueilli les histoires de femmes pour qui le fait d’assassiner leur mari était la seule solution afin de sortir d'une relation abusive et mettre fin à des violences conjugales. Elles ont aujourd’hui trouvé la paix en prison. Des histoires, aussi, de filles venant des régions les plus lointaines du pays, qui marchent chaque jour pendant quatre heures pour se rendre à l’école, qu’il pleuve ou qu’il vente. Des histoires de mères qui pleurent la mort de leurs jeunes filles, brutalement tuées alors qu’elles partaient de l’école à l’ouest de Kaboul. L’été dernier, nous avons tous observé, ébahis, 20 ans d’avancées relatives à la liberté d’expression, aux droits des femmes et à l’éducation partir en fumée en l’espace de 20 jours, alors que le pays tombait rapidement entre les mains des talibans. Aujourd’hui, tous ces dro ts ont été remplacés par des restrictions supplémentaires, par la peur et l’incertitude propres à la vie en Afghanistan, un pays dont la plaie ouverte peine à guérir."
Kiana Hayeri