Exposition proposée dans le cadre du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.
© Newsha Tavakolian / Magnum Photos
Pour ce projet Et ils se sont moqués de moi, Newsha Tavakolian plonge dans ses archives, non pas pour mettre en valeur ses meilleurs travaux, mais pour découvrir des images qui n'ont jamais été destinées à être vues par le public. Les photos de sa jeunesse, techniquement imparfaites, révèlent les erreurs typiques d'une photojournaliste inexpérimentée. Ces premiers travaux, réalisés entre 1996 et 1999, donnent un aperçu philosophique de son évolution. Elles documentent des moments importants et des instantanés personnels, tissant une riche tapisserie de la vie interne de l'Iran à une époque politiquement chargée. Son parcours, de novice à photojournaliste acclamée, est intimement lié au paysage sociopolitique de l'Iran. Ayant commencé sa carrière à l'âge de 16 ans, elle a travaillé dans l'espoir et les aspirations de l'époque du président Khatami, marquée par un élan de réformes dans un contexte d'isolement culturel. Les images qu'elle a prises à cette époque reflètent les défis auxquels elle a été confrontée, capturant l'essence d'une société qui s'efforce de changer. Pourtant, il n'y a pas de nostalgie dans sa réflexion. Au contraire, sa vision sombre et mélancolique met en lumière les promesses non tenues de cette époque pleine d'espoir. Les photos, autrefois mises au rebut, revêtent aujourd'hui une nouvelle signification, faisant écho aux luttes incessantes pour la liberté et le changement en Iran.
La dernière pièce de l'exposition, une photo d'une jeune fille sentant une rose, symbolise cet espoir brisé. Newsha Tavakolian modifie cette image à plusieurs reprises, pour finalement la déchirer et la réassembler, reflétant ainsi son agitation interne et ses perspectives changeantes. Cet acte de destruction et de reconstruction signifie une acceptation de la nature immuable du passé et une quête d'authenticité personnelle. Avec cette exposition, elle fait ses adieux à un passé mélancolique, à la recherche d'un avenir fondé sur sa propre vérité."
Haleh ANWARI